Infolettre #8
Dans le but d’informer et de divertir son fidèle lectorat, Ta Mère avait eu la fausse bonne idée de demander à Alexandre Fontaine Rousseau de prendre le contrôle de son infolettre. Malheureusement, telle une belle au bois dormant de Villeray, Alexandre s’est étrangement assoupi en se piquant le doigt sur l’aiguille de sa table tournante. En attendant de trouver comment le réveiller, on a confié l’infolettre à d’autres auteurs de la maison.
Aujourd’hui, c’est au tour d’Alexandre Castonguay, auteur de J’attends l’autobus.
Salut, les lecteurs des Éditions de Ta Mère. Je m’appelle Alexandre Castonguay. C’est moi qui a écrit le livre J’attends l’autobus. Peut-être que vous allez le lire. Peut-être que non. Pour faire pencher la balance sur mon bord, une personne bienveillante responsable des communications m’a suggéré d’écrire un texte pour une infolettre. Elle m’a même donné un lien sur lequel cliquer pour que je m’inspire de ce qui a été écrit antérieurement. Parce que lorsqu’il est question de médias sociaux, « je ne suis pas le pogo le plus dégelé de la boîte », et elle en avait été avertie. Donc, me voilà devant mon clavier, dans l’inconfortable monde du marketing numérique, ne sachant trop par où commencer, et ce, parce que j’ai surtout très peur de me spoiler moi-même : c’est que je parle de moi à chaque page ou presque, dans le livre, alors faut que je fasse très gaffe. Seulement, il y a une caractéristique très importante de moi, un tabou pourrait-on dire, dont je ne fais jamais mention. Donc, afin de me vendre un peu sans vendre le punch du livre, je vais franchir une grosse étape dans ma vie en brisant le silence entourant ma craque de dents.
Oui, entre mes incisives, il y a un gros espace. Je vais garder pour moi le nombre de vingt-cinq cennes qui passent dedans; pudeur oblige. Il est si large, cet espace, qu’on peut parler de superficie; que même Vanessa Paradis et son espace dentaire à elle passent aisément dedans. J’ai parfois l’impression que ma craque est autonome. Qu’elle fait sa vie de craque dans un monde craqué. Je l’admire secrètement, ma belle grosse craque. Lui prête mille petites attentions, la brosse souvent afin qu’elle brille, pour, comme on dit, mettre les chances sur son bord. Ne lui dites pas, mais j’ai l’impression parfois que c’est elle, le cerveau, qu’elle me dirige, que mes actions, mes paroles et mes pensées sont déterminées par elle; une directrice artistique, comme. C’est un trou béant, tellement que les 130 pages de J’attends l’autobus ont, elles aussi, passé dedans.
Salut, les lecteurs des Éditions de Ta Mère. Je m’appelle Alexandre Castonguay. C’est moi qui a écrit le livre J’attends l’autobus. Peut-être que vous allez le lire. Peut-être que non.
Mais aujourd’hui, une chose est sûre, grâce aux Éditions de Ta Mère, j’affiche mon plus beau sourire.