Infolettre #22
Dans le but d’informer et de divertir son fidèle lectorat sans faire trop d’efforts, Ta Mère a décidé de sous-traiter son infolettre à ses auteur.ices. Cette semaine, Audrey Hébert vous a concoctée une infolettre complètement-chill-full-street (Ta Mère sait parler aux jeunes).
Yo les gurls!
Guess who’s back in a new motherfucking house,
Ta gurl Audrey Hébert qui publie chez Ta Mère!
Yes! 2023, réédition de Hochelagurls en version revue et augmentée de nouveaux poèmes.
Ta Mère m’a invitée à t’écrire une petite infolettre. So, j’ai dit combien tu me paies, mom? Elle a dit 15$ par mots! Damn! Ma carte de crédit est remplie. Since It’s All About The Benjamine, je vais y aller Zola sur ce coup-là et rédiger un texte ultra fucking long avec trop de détails, d’incises et de digressions. Sorry aux amatrices de tweets et de haïkus, je risque d’être un peu too much!
First things first, laisse-moi te raconter l’histoire depuis le début! En 2016, j’ai commencé à écrire des poèmes au Atomic Café, sur Ontario. Après un moment, j’ai décidé d’envoyer 10 poèmes à L’Écrou. Carl et J-S ont aimé les textes et m’ont demandé un livre complet. Après l’envoi de mon manuscrit, qui raconte la vie de mes gurls et de moi dans le hood, les deux éditeurs ont décidé de publier Hochelagurls!
Depuis, il m’est arrivé bien des aventures… Je vais te raconter tout ça. So sit back, relax, and strap on your seat belt. You never been on a ride like this befo’.
J’ai vécu pendant quelques mois à Miami pour perfectionner mon spanish. J’étais all alone et je feelais triste, mais c’est correct. La solitude m’a laissé du temps pour pensar et aprender.
Back in Montreal, j’ai été reconnue coupable de road rage aux autos tamponneuses de La Ronde. Pas de ma faute, la gurl en avant textait dans le manège! Je lui ai foncé dedans, c’est le but du jeu, non? OK, OK, next time, je vais lui demander sa permission avant de la percuter.
J’ai fait du rap sous le nom d’Audrée la magnifique aka Lil’ Drée from Hochelag, mais ce patronyme était déjà pris. So, j’ai dit fuck l’industrie du hip hop québécois, fuck l’ADISQ (repère de boomers ‘n’ shit) et j’ai lancé mon label : Bad Gurl Records! Plein de gros noms vont faire paraître un album real soon! Gurlz n da Hood, 514, Notorious NO&MIE et $alo!
J’ai lancé la marque de produits d’hygiène féminine Audrey’s care. Présence prochaine dans les Jean Coutu de la planète!
En juillet 2021, j’ai performé « My Humps » par Bruno Pelletier sur Sainte-Catherine-Mavrikakis. Des dizaines de gurls se sont jointes à moi et j’ai ramassé de l’argent pour demander à Yes Mccan de retourner avec les Dead Obies, mais le méchant Damien a juste mis le cash dans ses poches et il a fait un album de gangsta rap avec Pelletier… Come on gurl, il faut mieux gérer ton cash!
J’ai travaillé dans un Ardène, mais j’ai pété une coche quand constaté qu’il n’y avait pas de livre par Renée Lapierre en vente, juste du Michèle Tremblay-D’Essiambre! Alors, j’ai remis ma démission. Comme chantent les Backstreet Boys, Bye Bye Bye!
J’ai proposé un combat de jiu-jitsu à Hugues Corriveau, mais il est parti se cacher. Tsss, j’étais prête à lui décocher un jab direct sur la stache. No offense Hugues, mais j’ai toujours voulu faire un combat à mains nues avec un dinosaure et j’ose pas m’en prendre à la crew du Parc jurassique.
J’ai suivi la formation en ligne de Audrée Wilhelmy sur les subventions du CALQ et j’ai obtenu 25$ pour m’acheter un nouveau stylo et un cahier Alaclair Ensemble. Awe, thanks le gouvernement… Je vais garder mes p’tits reçus pour les impôts!
All right! Tout ça, c’est la vérité! For real, je n’ai rien inventé! Mais j’ai appris au fil du temps qu’il y avait plein de rumeurs à mon sujet. Genre, Audrey est la sœur illégitime de Carl Bessette, Audrey est propriétaire d’un café dans Hochelag, Audrey est la conseillère spéciale de Valérie Plante en matière de chilling. So funny! Alors, je me suis amusée à collectionner les ouï-dire à mon sujet et je vous offre mon top 10!
Rumeur #1 – J’écris des chansons en secret pour Marie-Mai. La chanteuse les a toutes refusées parce qu’il y a trop de franglais, still j’écris en pensant à elle.
Rumeur #2 – J’ai été assistante-gérante au Dollarama sur Ontario pendant quatre ans, mais je me suis fait kick out parce que je passais mon temps à manger des Doritos Havarti et cannelle dans l’allée des cosmétiques cheaps plutôt que de répondre aux questions de clientes.
Rumeur #3 – Je prévois lancer une crème solaire à saveur de melon d’eau en partenariat avec ma gurl Gretchen la bronzée. C’est un produit non testé sur les animaux qui peut être tartiné sur les crêpes du samedi matin parce que c’est comestible!
Rumeur # 4 – J’ai été suspendue de la maternelle, parce que j’ai appris à ma gurl Salomé à faire du breakdance et que c’était interdit à cause du risque élevé de dropper l’école pour juste danser dans la cour all the time.
Rumeur #5 – J’assiste à plein de lancements au Port de tête, à n’était-ce pas l’automne et au Renard perché, mais je suis toujours la gurl un peu awkward qui reste en arrière et pis qui applaudit timidement. Clap, clap, clap sourd… C’est moi ça!
Rumeur #6 – Je mets des miettes de Cheerios sur mes toasts au beurre de peanut avant de faire du jogging sur Sherbrooke. Déjeuner des championnes!
Rumeur # 7 – Je suis full friend avec une personne qui publie aux Herbes Rouges, mais je ne vous dirai pas c’est qui. Seule chose que je vais mentionner, c’est qu’il ne s’agit pas de Josée Di Stasio. Sauterelles dans poêle : quel fucking criss de bon livre!
Rumeur #8 – Mon condiment préféré est le ketchup à la citrouille. J’en mets partout, même sur mes Jos Louis. Just kidding! Je préfère de loin la mayonnaise à saveur d’internet.
Rumeur #9 – J’ai fait une audition à La Voix juste pour dire à Ariane Moffatt que je suis sa number one fan. Joke! C’était pour faire autographier un t-shirt par la chanteuse. Je l’ai revendu 500$ à une madame de Varennes. Hustle 101!
Rumeur #10 – Hochelagurls revu et augmenté ne sera PAS le seul livre d’Audrey Hébert aux Éditions de Ta Mère. Mic drop!
Selon une étude menée par la firme Nepveu-Pouliot, un tiers de ces rumeurs seraient vraies. Tu veux savoir lesquelles? Mène ton enquête, gurl! You can do it!
By the way, tu te demandes peut-être pourquoi Hochelagurls ressort aux Éditions de Ta Mère? Simple! L’Écrou a fermé ses portes en 2021 et rapidement mon livre est devenu impossible à trouver, sinon en version usagée à 75$ sur Kijiji (vraiment trop cher)! Alors, j’ai contacté Ta Mère et on a signé un contrat pour que le livre revienne en librairie ASAP.
Bonne lecture et plein de lov, gurl!
P.S. Je regarde mon compte de mots sur Word et j’en suis à plus de 1100 mots! Ta Mère, tu me dois au moins 17 000$. Merci mom, c’est nice de faire du business avec toi!
Infolettre spéciale – Les réponses du cœur
Dans le but d’informer et de divertir son fidèle lectorat sans faire trop d’efforts, Ta Mère a décidé de sous-traiter son infolettre à ses auteur.ices. En ce quatorze février, ce n’est pas juste Cupidon qui frappe fort : après les missives qu’elles se sont envoyées hier, voici les réponses de Carolanne Foucher et Frédérique Marseille. Ont-elles réussi, à travers cette fémini-bromance, à percer les mystérieux mystères de l’amour?
Salut Frédérique,
Ici Carolanne. Je sais pas si tu te souviens de moi, on s’est rencontrées au hasard d’une table de signatures au Salon du livre de Montréal. Je fangirlais de te croiser, parce que je venais de finir ton premier livre, pis j’avais trippé. (Honnêtement même si j’avais pas trippé j’aurais sûrement fangirlé pareil, parce qu’écrire un livre c’est tellement un acte de résistance et d’offrande de soi et de vulnérabilité, ça mérite toujours d’être souligné. Mais bon, là, il adonne qu’en plus, j’avais adoré ma lecture.)
On s’est assises à côté pour dédicacer nos livres respectifs à nos publics respectifs, mais moi, j’avais un secret dans mon sac : j’avais apporté ton livre, pour que tu me le signes, ce que tu as fait. Yas, merci pour ça. Sans rancune sur le fait que t’avais lu aucun des miens. Just kidding, je l’ai encore un peu sur le cœur. JUST KIDDING AGAIN je suis vraiment pas fâchée.
Les mois ont passé, et je n’arrive pas à me sortir de la tête cette foudroyante rencontre: qui es-tu? Où vas-tu? Écriras-tu un prochain livre? Est-ce que ta narratrice va revenir ou est-ce que je dois faire mon deuil de cette voix singulière? Est-ce que TOI tu vas revenir au Salon du livre ou est-ce que je dois faire mon deuil de ça aussi, signer à côté de toi?
Tant de questions, tant de temps, si peu de réponses.
La St-Valentin approche pis… j’aurais aimé ça savoir si t’avais envie de me partager une couple de conseils d’amour. Pas que t’as l’air particulièrement hot sur ce sujet-là, ton roman n’annonce rien de particulièrement joyeux pour les femmes trentenaires, mais anyways, j’avoue que je sais pu vers qui me tourner.
J’ai rencontré un dude sur les applis de rencontres y a comme 6 mois, et on s’est flirtés assez intensément (cool), on s’est vus deux fois, mais finalement il m’a accusée de lui avoir donné la COVID fait qu’on s’est chicanés par message texte pis ça a fini là. CEPENDANT, on s’était ironiquement setté une date le 14 février, genre 6 mois d’avance, qu’on a tous les deux mise à l’agenda. On se trouvait crissement drôles, on s’est même invités à participer à la date via nos Google Agenda respectifs. Hi hi hi, on a bien ri.
…C’était sans compter qu’on allait se pogner par message texte et qu’il allait m’accuser de lui avoir donné la COVID juste à temps pour Noël. (1. c’est wack faire ça 2. j’y ai même pas donné la COVID) La date s’en vient crissement vite, et je me demandais quoi faire avec ça : faut-tu que je lui écrive pour lui dire que c’est cancel, ou ça va de soi? Aussi, c’est quoi mon problème? Comment j’ai pu dater un dude aussi wack? En fait, ma vraie question c’est : are the guys okay?
Merci de donner suite,
Carolanne
Chère lectrice aka Carolanne Foucher aka la fille de Stu Cancel,
Assez drôle qu’on se soit écrit en même temps pour avoir des conseils amoureux. Quel hasard hasardeux quand même.
Voilà qui est tortueux comme dilemme : to go or not to go à cette date au concept cocasse, attirant, voire sexy-ponctuel, mais dont le protagoniste communément connu sous le nom de « gars de Tinder » est vraiment une marde, on va se le dire.
Regarde.
Se fâcher pour la COVID en 2020, c’était in. Mais en 2023? Tu me niaises-tu? C’est quoi, on peut pu rien pogner de nos jours? (Référence à quand les boomers rétorquent « on peut pu rien dire », mais je sais que tu l’avais catchée).
Je suggère différentes stratégies :
1 – Ne pas y aller et voir une amie précieuse à’ place, le tout arrosé d’un breuvage à base de fous rires et de saucisses hot dog dans la sauce HP (rituel culinaire ancestral émulant la castration sanglante desdits gars de Tinder).
2 – Y aller, suggérer un repas à partager (genre un combo sushi ou des plats indiens) et tousser au-dessus du repas commun toute la soirée.
3 – Faire des ajustements sur votre booking Google Calendar avec plein de correctifs plus exacts tels « rendez-vous avec le gros ringard » au lieu du nom du gars.
4 – Prendre ton char, rouler jusque dans les Cantons-de-l’Est et venir brainstormer avec moi sur un projet littéraire commun (ainsi que l’adoption de nos futurs enfants).
C’est un tic assez répandu de se demander « coudonc c’est quoi mon problème d’attirer des loseux de même ». Comme tu le sais, une industrie florissante de livres sur « comment trouver la bonne personne » surfe sur cet art que toi et moi et mes amies et ma mère et ma voisine, bref les madames, maîtrisons avec talent : penser que c’est de notre faute quand quelqu’un est supra-poche avec nous.
Eille, je pense à ça : je vais écrire à notre maison d’édition dont on taira le nom par souci d’anonymat pour leur conseiller de partir une branche self-help amoureux. Ça pourrait booster les budgets pour produire nos livres à toi et moi, t’en penses quoi?
Ça fait qu’un gars pète une note pour un ci ou pour un ça et le rave de hamsters sur le speed démarre dans nos têtes :
« Je suis tellement poquée en dedans clairement que je devrais faire de la thérapie pour arrêter de tripper sur des gars dull c’est mes patterns hérités de l’enfance qui était pourtant pas si pire me semble quoique c’est vrai que j’étais une tite fille sensible je suis don’ tu une personne pathétique et dépendante affective de donner du jus à des gens qui sont beaux certes mais irrespectueux as hell je dois aller de ce pas lire trente-trois blogues sur comment émerger de mes daddy issues ceux que je ne me suis évidemment pas infligés moi-même mais dont je finis par croire que je suis la seule responsable je devrais clairement aller me fouetter dans ma chambre mais genre zéro sexu là fouetter dans le sens de développer de l’anxiété sociale et continuer de croire que la seule et unique raison pour laquelle je suis mal-aimée c’est parce que je suis pas aimable. »
Bon. Peut-être ça se passe pas tout à fait de même dans ta tête. C’était un exemple.
Mais mettons : si y a un certain pourcentage de cette orgie culpabilisatrice qui s’installe des fois dans tes discussions de debrief amoureux avec tes amies, j’ai envie de te donner une piste toute simple qui vient de toi, d’ailleurs :
Are the guys okay?
Sur ce, je t’attends ce soir chez moi avec un verre de rouge (si tu fais le mois sans alcool ou que carrément tu bois pas, je te servirai un autre liquide rouge, peut-être du jus de tomate ou encore un Shirley Temple).
Précieusement vôtre,
Fred Marseille
*******
Chère Carolanne,
Je t’écris aujourd’hui parce que ça va mal.
Notre rencontre au Salon du livre de Montréal me laisse croire que tu seras la seule à pouvoir m’aider, me conseiller.
Je me rappelle nos deux tables hautes, côte à côte. T’étais jackée sur ton tabouret, les jambes ramassées en nœud papillon en dessous de ton corps long comme le mien, quoique bien plus blond et décontracté. C’était pas ton premier rodéo, et par rodéo je parle de salon du livre. Ces foires me font bel et bien l’effet d’un taureau mécanique au milieu d’un bar où on te pitche des pichets de bière sur ta tite camisole blanche de fille qui swing en criant qu’elle a mal au cœur. Bref, t’es une pro de la signature et ça m’a bien apaisée de co-rider l’éléphant dans la pièce : l’absence de fans en délire devant nos précédemment citées tables hautes.
Tout étourdie du girl crush que, décidément, tu m’inspirais, j’ai dépensé trois fois vingt piasses pour me procurer tes deux recueils et ta pièce de théâtre, tous trois publiés aux précieuses éditions dont on taira le nom ici par souci d’anonymat, éditions qui nous lient telles des soeurs éternelles d’ouvrages printés en 2022 parce que crime, ta pièce Manipuler avec soin est le numéro 68 et mon roman est le 69 dans la collection de la non dite maison d’édition, cristifi du saint Ciel, c’est-tu pas d’adon ou c’est pas d’adon?! C’tu pas un signe qu’on est faites pour être amies, et par amies je veux dire siamoises best friends potentielles mères de nos enfants parce que tsé fuck les familles mononucléaires on peut-tu faire des kids avec qui on veut genre avec d’autres autrices qui publient des belles affaires et qui répondent à tes stories sur Instagram, criss?
Parlant de 69, ça me ramène à la cause de cette missive :
Où est-ce que je peux retrouver l’amour?
Seule toi saura m’éclairer, poétesse avertie que tu es.
En effet, j’ai égaré l’amour. Ou plutôt, j’ai comme perdu certaines de ses pièces.
Depuis deux ans, je m’amuse à le déconstruire. En essayant de le remonter, petit boutte par petit boutte, je réalise que j’ai perdu une vis ici, une pinouche là. C’est mon genre ça, défaire un meuble pour le déménager, pu savoir où j’ai rangé la tite clé Allen de marde, pitcher des washers importants dans toutes les poches de mes jeans. Reconstruire tout ça dans le nouvel appart, réaliser que mon lit est rendu une île shaky, un radeau à trois pattes.
Parlant de lit, ça me ramène à la cause de cette missive :
Peux-tu m’expliquer ce que tu connais mieux que quiconque, soit les mots qui font rêver?
Dans le projet de Lego qu’est l’amour (c’est comme un jeu de mots, là, reste concentrée), j’ai clairement perdu le mécanisme qui fait que le bidule bouge, tourne, avance, fait du bruit, sourit. J’ai beau fouiller les poches de mon suit de ski, le coffre à gants de mon char, le tiroir à ustensiles, j’ai clairement égaré… sa définition.
La définition que j’avais de l’amour ne fitte plus dans le trou où elle devait aller (c’tun autre jeu de mots, plus trash un peu).
Pis non seulement j’ai perdu des morceaux de la définition initiale que j’avais de l’amour, mais en plus j’ai un paquet de nouveaux clous de plein de longueurs différentes qui fittent semi avec le mode d’emploi qu’on m’a vendu quand j’t’ais kid.
Dans le creux de ma main, je tiens toutes les tits morceaux arrivés de je sais pas où et même si je suis pas sûre de savoir où les insérer dans le kit initial, je les trouve beaux et brillants.
J’essaie de voir si je peux les tie wrapper quelque part sur le projet de l’amour, duct taper quelque chose sur mon coeur. Des amies de femmes fantastiques, une sexualité fatiguée de l’hétérosexualité, préférer spooner avec mes chiens qu’avec quelqu’un, le rêve de ne plus vivre à deux, choisir de publier un livre plutôt qu’accoucher d’un bébé…
Comment je fais pour retrouver l’amour??
Aide-moi, Carolanne.
Sincerely yours,
Fred Marseille
Chère Fred Marseille,
On va se le dire, drôle d’adon pareil que tu m’écrives, parce que je viens moi too de t’envoyer une lettre qui te demande conseil. On dirait quasiment qu’on s’était parlé avant, c’est fucké, pareil… Anyways. Trêve de bizarreries, revenons-en à un sujet pas bizarre pantoute : l’amour.
Bon.
Moi mon père c’est un patenteux, pis il m’a souvent dit que quand il était jeune, il démontait tout ce qu’il trouvait, t’sais, des cadrans, des montres, des télés, des grille-pain : il voulait savoir comment ça marchait, fait qu’il démontait, il regardait, des fois il nettoyait, ajustait, modifiait, et ensuite, ben il remontait. J’ai longtemps voulu être cette fille-là, la fille de papa quoi, celle qui a hérité de cette curiosité-là, celle qui démonte des patentes juste pour le plaisir d’assouvir sa curiosité, mais j’ai pogné un noeud vraiment vraiment vite dans ma vie, quand j’ai réalisé que démonter les choses c’est facile, mais que les remonter une fois que t’as toute mis en pièces, c’est un asti de bon défi. J’ai brisé un petit four pis un séchoir à cheveux, de même. C’est-à-dire que je les ai démontés, pis j’ai pu jamais réussi à les remonter.
Fait que j’ai changé de tactique : je suis devenue la fille qui démonte rien. Quand quelque chose pète, ben… je le jette. Parce que je suis pas capable de réparer. Gros, gros constat d’échec dans ma vie, d’être encore curieuse de comment les patentes sont faites mais de réaliser que j’ai pas les skills pour entreprendre de les mettre en pièces pour mieux les faire marcher. Fait que j’ai juste arrêté de démonter les affaires, parce que je voulais pas prendre le risque de ne pas être capable de les remonter.
Tout ça pour dire : je pense que tu seras pas capable de remonter l’amour.
J’espère que tu capotes pas en lisant ça : s’il te plaît, suis-moi, on s’en va quelque part.
Oui, je pense que tu seras pas capable de remonter l’amour MAIS je pense que c’est une bonne chose, PARCE QUE (suis-moi, encore) l’amour c’est pas un fucking séchoir à cheveux, pis sa fonction est pas limitée à une chose bien précise que si tu le remontes pas parfaitement, ben ça servira pu, hop poubelles, cancel, c’est mort, l’amour est mort, bla bla bla, pierre tombale, obsèques, tristesse.
Je pense que la société dans laquelle on a grandies voudrait qu’on voie l’amour de même : un couple monogame qui s’aime, qui se désire fucking fort, mais qui désire PARSONNE D’AUTRE, avec des ami.e.s stables autour, mais moins importants, parce que le couple c’est la chose centrale de notre vie. Je pense… qu’on fait fausse route. Je pense aussi que si t’as eu le courage de démonter l’amour, pis d’avoir dans les mains des vis pis des springs pis plein de patentes que tu sais pu trop où ça va, ben maintenant ça te prend le courage de reconstruire de quoi de neuf, sans guide d’instructions, sans modèle à copier, juste au gré de ton inspiration, de tes envies pis de ta créativité. Vas-y. Remonte de quoi pis teste-le un peu, voir si ça marche. Si t’as des morceaux inutilisés, mets-les dans un petit bol à côté, laisse-les réfléchir. Quand tu seras tannée de ta construction, ou si tu vois que ça marche pas comme tu veux, ben tu pourras recommencer encore, pis peut-être même que tu vas vouloir mettre des morceaux que t’avais pas mis la dernière fois dans ta création, tu jetteras un coup d’oeil dans le petit bol, voir si y a pas des affaires qui t’inspirent tout à coup.
L’amour c’est vaste,
l’amour c’est pas un séchoir,
l’amour c’est pas une conscription.
L’amour c’est des vis, pis des springs pis des patentes qu’on sait pas où ça va. Pis je pense que c’est correk de même. C’est vraiment courageux, pour vrai, de démonter quelque chose en sachant très bien qu’on sera pas capable de le remonter tout à fait de la même manière. J’admire beaucoup ça, pis j’essaye, moi aussi, de trouver le courage de démonter mon amour à moi : y’est brisé depuis un bout, pis je l’ai posé sur ma commode, en sachant pas trop quoi faire avec, parce que d’habitude, quand quelque chose pète… ben je le jette. Mais là je me suis dit « je peux pas vraiment… réalistement, jeter l’amour ». Fait que ça traîne sur ma commode, en attendant que je trouve le courage de le démonter, pis de le remonter au meilleur de mes connaissances. Parce que je suis curieuse, je suis très très curieuse de voir comment c’est fait.
Je sais pas si tu vas retrouver l’amour que t’as démonté. Je pense pas, en fait.
T’sais y a quelqu’un qui a dit qu’on se baigne jamais deux fois dans le même fleuve? Sûrement un dude. Ben d’après moi on se baigne pas deux fois dans le même amour, une fois qu’on l’a démonté. Mais c’est sûr et certain que tu vas te rebaigner.
On se voit au Salon du livre de Québec, j’ai hâte.
Carolanne
Infolettre spéciale – Courrier du coeur
Dans le but d’informer et de divertir son fidèle lectorat sans faire trop d’efforts, Ta Mère a décidé de sous-traiter son infolettre à ses auteur.ices. Pour cette semaine de réjouissances sentimentales, Carolanne Foucher et Frédérique Marseille ont décidé d’entretenir une relation épistolaire. Seule affaire: elles ont pas bien lu le mémo pour savoir qui commençait. Elles se sont donc écrit en même temps…
Salut Frédérique,
Ici Carolanne. Je sais pas si tu te souviens de moi, on s’est rencontrées au hasard d’une table de signatures au Salon du livre de Montréal. Je fangirlais de te croiser, parce que je venais de finir ton premier livre, pis j’avais trippé. (Honnêtement même si j’avais pas trippé j’aurais sûrement fangirlé pareil, parce qu’écrire un livre c’est tellement un acte de résistance et d’offrande de soi et de vulnérabilité, ça mérite toujours d’être souligné. Mais bon, là, il adonne qu’en plus, j’avais adoré ma lecture.)
On s’est assises à côté pour dédicacer nos livres respectifs à nos publics respectifs, mais moi, j’avais un secret dans mon sac : j’avais apporté ton livre, pour que tu me le signes, ce que tu as fait. Yas, merci pour ça. Sans rancune sur le fait que t’avais lu aucun des miens. Just kidding, je l’ai encore un peu sur le cœur. JUST KIDDING AGAIN je suis vraiment pas fâchée.
Les mois ont passé, et je n’arrive pas à me sortir de la tête cette foudroyante rencontre: qui es-tu? Où vas-tu? Écriras-tu un prochain livre? Est-ce que ta narratrice va revenir ou est-ce que je dois faire mon deuil de cette voix singulière? Est-ce que TOI tu vas revenir au Salon du livre ou est-ce que je dois faire mon deuil de ça aussi, signer à côté de toi?
Tant de questions, tant de temps, si peu de réponses.
La St-Valentin approche pis… j’aurais aimé ça savoir si t’avais envie de me partager une couple de conseils d’amour. Pas que t’as l’air particulièrement hot sur ce sujet-là, ton roman n’annonce rien de particulièrement joyeux pour les femmes trentenaires, mais anyways, j’avoue que je sais pu vers qui me tourner.
J’ai rencontré un dude sur les applis de rencontres y a comme 6 mois, et on s’est flirtés assez intensément (cool), on s’est vus deux fois, mais finalement il m’a accusée de lui avoir donné la COVID fait qu’on s’est chicanés par message texte pis ça a fini là. CEPENDANT, on s’était ironiquement setté une date le 14 février, genre 6 mois d’avance, qu’on a tous les deux mise à l’agenda. On se trouvait crissement drôles, on s’est même invités à participer à la date via nos Google Agenda respectifs. Hi hi hi, on a bien ri.
…C’était sans compter qu’on allait se pogner par message texte et qu’il allait m’accuser de lui avoir donné la COVID juste à temps pour Noël. (1. c’est wack faire ça 2. j’y ai même pas donné la COVID) La date s’en vient crissement vite, et je me demandais quoi faire avec ça : faut-tu que je lui écrive pour lui dire que c’est cancel, ou ça va de soi? Aussi, c’est quoi mon problème? Comment j’ai pu dater un dude aussi wack? En fait, ma vraie question c’est : are the guys okay?
Merci de donner suite,
Carolanne
******
Chère Carolanne,
Je t’écris aujourd’hui parce que ça va mal.
Notre rencontre au Salon du livre de Montréal me laisse croire que tu seras la seule à pouvoir m’aider, me conseiller.
Je me rappelle nos deux tables hautes, côte à côte. T’étais jackée sur ton tabouret, les jambes ramassées en nœud papillon en dessous de ton corps long comme le mien, quoique bien plus blond et décontracté. C’était pas ton premier rodéo, et par rodéo je parle de salon du livre. Ces foires me font bel et bien l’effet d’un taureau mécanique au milieu d’un bar où on te pitche des pichets de bière sur ta tite camisole blanche de fille qui swing en criant qu’elle a mal au cœur. Bref, t’es une pro de la signature et ça m’a bien apaisée de co-rider l’éléphant dans la pièce : l’absence de fans en délire devant nos précédemment citées tables hautes.
Tout étourdie du girl crush que, décidément, tu m’inspirais, j’ai dépensé trois fois vingt piasses pour me procurer tes deux recueils et ta pièce de théâtre, tous trois publiés aux précieuses éditions dont on taira le nom ici par souci d’anonymat, éditions qui nous lient telles des soeurs éternelles d’ouvrages printés en 2022 parce que crime, ta pièce Manipuler avec soin est le numéro 68 et mon roman est le 69 dans la collection de la non dite maison d’édition, cristifi du saint Ciel, c’est-tu pas d’adon ou c’est pas d’adon?! C’tu pas un signe qu’on est faites pour être amies, et par amies je veux dire siamoises best friends potentielles mères de nos enfants parce que tsé fuck les familles mononucléaires on peut-tu faire des kids avec qui on veut genre avec d’autres autrices qui publient des belles affaires et qui répondent à tes stories sur Instagram, criss?
Parlant de 69, ça me ramène à la cause de cette missive :
Où est-ce que je peux retrouver l’amour?
Seule toi saura m’éclairer, poétesse avertie que tu es.
En effet, j’ai égaré l’amour. Ou plutôt, j’ai comme perdu certaines de ses pièces.
Depuis deux ans, je m’amuse à le déconstruire. En essayant de le remonter, petit boutte par petit boutte, je réalise que j’ai perdu une vis ici, une pinouche là. C’est mon genre ça, défaire un meuble pour le déménager, pu savoir où j’ai rangé la tite clé Allen de marde, pitcher des washers importants dans toutes les poches de mes jeans. Reconstruire tout ça dans le nouvel appart, réaliser que mon lit est rendu une île shaky, un radeau à trois pattes.
Parlant de lit, ça me ramène à la cause de cette missive :
Peux-tu m’expliquer ce que tu connais mieux que quiconque, soit les mots qui font rêver?
Dans le projet de Lego qu’est l’amour (c’est comme un jeu de mots, là, reste concentrée), j’ai clairement perdu le mécanisme qui fait que le bidule bouge, tourne, avance, fait du bruit, sourit. J’ai beau fouiller les poches de mon suit de ski, le coffre à gants de mon char, le tiroir à ustensiles, j’ai clairement égaré… sa définition.
La définition que j’avais de l’amour ne fitte plus dans le trou où elle devait aller (c’tun autre jeu de mots, plus trash un peu).
Pis non seulement j’ai perdu des morceaux de la définition initiale que j’avais de l’amour, mais en plus j’ai un paquet de nouveaux clous de plein de longueurs différentes qui fittent semi avec le mode d’emploi qu’on m’a vendu quand j’t’ais kid.
Dans le creux de ma main, je tiens toutes les tits morceaux arrivés de je sais pas où et même si je suis pas sûre de savoir où les insérer dans le kit initial, je les trouve beaux et brillants.
J’essaie de voir si je peux les tie wrapper quelque part sur le projet de l’amour, duct taper quelque chose sur mon coeur. Des amies de femmes fantastiques, une sexualité fatiguée de l’hétérosexualité, préférer spooner avec mes chiens qu’avec quelqu’un, le rêve de ne plus vivre à deux, choisir de publier un livre plutôt qu’accoucher d’un bébé…
Comment je fais pour retrouver l’amour??
Aide-moi, Carolanne.
Sincerely yours,
Fred Marseille
Ta Mère au Salon!
Ta Mère sera au kiosque 1937 au Salon du livre de Montréal. On a hâte!
Alexandre Dostie
Vendredi – 18h à 19h
Andrew Forbes
Vendredi – 17h à 18h
Samedi – 12h à 13h / 16h à 17h
Dimanche – 10h à 11h
Carolanne Foucher
Vendredi – 15h à 16h
Samedi – 13h à 14h
Dimanche – 12h à 13h
Sophie Jeukens
Samedi – 13h à 14h
Dimanche – 13h à 14h
Jean-Philippe Baril Guérard
Samedi – 17h à 19h
Dimanche – 14h à 15h / 16h à 17h
Frédérique Marseille
Samedi – 14h à 15h
Dimanche – 12h à 13h
Maude Nepveu-Villeneuve
Vendredi – 18h à 19h
Samedi – 14h à 15h
William S. Messier
Vendredi – 17h à 18h
Samedi – 12h à 13h / 16h à 17h
Olivier Niquet
Jeudi – 19h30 à 20h30
Samedi – 15h à 16h
Dimanche – 11h à 12h
François Ruel-Côté
Jeudi – 17h à 18h
Vendredi – 13h à 14h
Ta Mère en Estrie!
Une délégation d’auteur.trices de Ta Mère sera au Salon du livre de l’Estrie du 13 au 16 octobre!
Olivier Niquet – Les rois du silence
Vendredi
18h30 à 19h30 – Prescriptions littéraires au stand de l’ALQ
Samedi
11h – Longue entrevue avec Félix Morin à la Librairie Appalaches
15h à 16h – Dédicaces au kiosque 41
18h – Entrevue avec Mickaël Bergeron – Espace Radio-Canada
Dimanche
10h à 11h – Dédicaces au kiosque 41
11h45 – Face à face avec Stéphane Gendron – Terrasse Hydro-Québec
13h30 – Table ronde – L’écriture romanesque versus l’écriture destinée à la scène, la radio ou la vidéo avec Ghislain Taschereau et et Richard Z. Sirois – Salle Télé-Québec
Sophie Jeukens – Couchés en étoile dans la combustion lente des jours
Samedi
10h à 11h – Dédicaces – Pavillon de la poésie
Dimanche
10h30 – Lecture en tête-à-tête – Pavillon de la poésie
11h30 – Dialogue poétique – Salle Télé-Québec
13h à 14h – Dédicaces – Pavillon de la poésie
Véronique Grenier – Hiroshimoi, Chenous, Carnet de parc
Samedi
12h à 13h – Dédicaces – Pavillon de la poésie
19h -Prescriptions littéraires au stand de l’ALQ
et à plein d’autres endroits!
Frédérique Marseille – Sauf que je suis un aréna
Samedi
12h à 13h – Dédicaces au kiosque 41
Dimanche
11h à 12h – Dédicaces au kiosque 41
Maude Nepveu-Villeneuve – Après Céleste, Partir de rien, La remontée
Samedi
17h à 18h – Dédicaces au kiosque 41
Infolettre #21
Bonjour à toi, lumineux individu.
Ici Olivier Morin et Guillaume Tremblay, auteurs du Théâtre du Futur, compagnie de théâtre dont les pièces aussi crampantes que futuristes sont éditées aux Éditions de Ta Mère. Si tu frémis à l’idée de lire du théâtre, sache que ça se lit comme des chips. Dans le cadre de cette infolettre bassement promotionnelle, il nous a semblé pertinent de te raconter ce récit réconfortant.
***
L’été est fini, la journée aussi. Autour, les enfants crient comme des singes pelés à vif. Le beau temps est passé si vite encore une fois cette année. Le temps de double-cligner d’un œil et ce sera l’heure de magasiner une citrouille de comptoir qui finira grugée par la pourriture et les écureuils. Déjà? Ben oui. Mais pas tout de suite.
Une petite laine en boule au fond du sac, toujours pratique. C’est d’ailleurs l’heure de l’enfiler, cette pelure bonus; à l’ombre, ça commence à être frisquet. Notons que ce coton ouaté est désormais imprégné d’une franche odeur de fond de sac à dos : saumure de fromage en crottes ou humidité? Un peu des deux?
Cigale : T’as bien fait d’amener une ‘tite laine, moi je grelotte du cul.
Fourmi : Je pense à tout.
Cigale : Bravo, c’est vraiment un concours. Urgh. J’ai tellement frette, je pense que je vais aller me réchauffer au dép’.
Fourmi : Super. Bon vent!
Cigale : Tu viens pas avec moi?
En route vers le dép’, leur discussion bifurque sur l’épineux sujet de la nouvelle taxe fédérale de 25 % sur la pollution. Personne ne comprend trop comment ça marche, mais tout coûte résolument plus cher. Mais qui donc a eu la bonne idée d’en faire un sujet de jasette?
Cigale : Tsé, j’ai pas les moyens, moi, de « faire ma part »! Toi, t’en penses quoi?
Fourmi : Il faut ben commencer quelque part. Je sais pas. Il faut ce qu’il faut, non?
Au dép’, la clim’ est dans l’estie de tapis.
Cigale : Brr. On s’en va-tu?
Fourmi : On vient d’arriver.
Cigale : On gèle.
Fourmi : C’est toi qui voulais te réchauffer au dép’!
Cigale : T’aimes beaucoup ça, toi, avoir raison.
De retour au parc, il neige. De généreux flocons.
Cigale : On se roule-tu un bonhomme?
Fourmi : … de neige?
Cigale : De quoi d’autre?
La cigale s’amuse, danse et chante dans la neige. L’activité est moins drôle que prévu. La neige ne colle pas. Le tronc du Bonhomme Hiver ressemble à un mini mont Saint-Bruno.
Fourmi : Je vais rentrer, je pense.
Cigale : All right, je te suis. Andiamo, tabarouette!
Tu parles d’un temps pour mettre des sandales. Les trottoirs sont jonchés de flaques de slotch. Il fait noir. La pluie glacée pique les joues, les mollets. La même conversation sur le coût de la vie s’impose comme la seule façon de ne pas obséder sur ce froid de canard.
Fourmi : Faque là, tu viens chez nous, c’est ça? Je t’avertis, c’est vraiment en désordre.
Cigale : C’est mieux que rien. J’ai pas de maison. Quand je suis ben mal pris, je dors dans les boîtes Croque-livres, là où les gens vont déposer ce qu’ils ont reçu à Noël.
Fourmi : Tu vas t’en sortir.
Cigale : Je sais. D’ailleurs, j’ai mis la main sur les livres du Théâtre du Futur. Tu connais ça?
Fourmi : Pas vraiment.
Cigale : Leurs pièces de théâtre sont super drôles et ça se lit vraiment bien. Ça se passe toujours dans le futur, mais c’est un futur qui nous ressemble, avec des références à la culture populaire, des tournures de phrase savoureuses et des bonnes histoires… Si je les revends au prix que j’ai en tête, je pourrais me payer une semaine de loyer!
Fourmi : Mais qui va acheter ça?
Cigale : Ben… toi!
Et c’est ainsi que, ligotée au travers de ses propres meubles, la Fourmi n’a pas eu d’autre choix que de découvrir les perles de marketing fantasques de Clotaire Rapaille dans Clotaire Rapaille, l’opéra rock, le destin épique de Gilles Duceppe poursuivi par une souffleuse dans L’assassinat du président, les rituels de guérison douteux de Épopée Nord, les révélations chocs sur Elon Musk des Secrets de la Vérité et les intrigues mondaines sur le dernier baby-boomer dans Le clone est triste. La Cigale a mangé tout ce qu’elle pouvait trouver et vendu tous les électroménagers du logis.
Ça a été long, mais la Cigale s’est reprise en main. Elle dirige aujourd’hui la plus grande entreprise de bronzage en ligne au Canada.
Quand on veut, on peut.
***
Voilà, en espérant que ça vous donne envie de vous lancer en affaires.
Sincèrement,
Olivier Morin et Guillaume Tremblay
Lancements automnaux
C’est l’automne bientôt! On lance des livres!
Manipuler avec soin, de Carolanne Foucher, sera lancé au Théâtre La Bordée après la représentation de la pièce, à 19h, le 1er septembre. Détails ici.
Sauf quand je suis un aréna, de Frédérique Marseille, sera lancé DEUX FOIS! Une fois au Port de tête, le 13 septembre (détails ici) et ensuite en formule DJ-escalade-Estrie-littérature-après-midi au Backbone, centre d’escalade de Bromont, le 17 septembre.
Infolettre extraordinaire – 12 août 2022
Dans le but d’informer et de divertir son fidèle lectorat sans faire trop d’efforts, Ta Mère a décidé de sous-traiter son infolettre. Aujourd’hui, 12 août, journée internationale du livre québécois, quelques autrices, auteurs, créateurs et créatrices s’unissent dans cette infolettre extraordinaire pour vous suggérer des lectures québécoises.
Simon Boulerice suggère Jonny Appleseed, de Joshua Whitehead, roman qui l’a bouleversé et qui a élargi son esprit.
Carolanne Foucher, autrice qui n’est pas capable de choisir un seul titre, suggère Sainte-Chloé-de-l’amour, de Chloé Savoie-Bernard, pour de la poésie d’une grande beauté et d’une grande accessibilité et Match, de Lily Boisvert, pour une fiction vraiment brillamment écrite qui rappelle que n’importe qui peut croiser une personne toxique dans ses relations.
Benoit Tardif, directeur artistique et co-propriétaire de Ta Mère, suggère Un Paris pour Dallaire, de Marc Tessier et Siris, parce qu’il y a beaucoup appris sur un artiste visuel qu’il aimait déjà. Aussi, parce que Siris est son bedéiste québécois préféré!
Timothée-William Lapointe suggère La bête creuse, de Christophe Bernard, parce que wow.
Maude Nepveu-Villeneuve, autrice et co-propriétaire de Ta Mère, suggère À la maison, de Myriam Vincent, parce qu’elle aime les histoires angoissantes qui parlent de maternité.
Olivier Niquet, auteur et introverti, suggère l’essai La collision des récits, de Philippe de Grosbois, parce qu’il présente la désinformation dans les médias selon un angle différent.
Maude Jarry suggère Mille secrets mille dangers, une saga familiale d’Alain Farah qui parle d’amour, de mort et de maladie, aka les seuls sujets dont elle souhaite entendre parler dans la vie.
Stéphane Girard, auteur de Moi et ma fascination de moi, suggère Pour que tu mèmes encore. Penser nos identités au prisme des mèmes numériques (collectif qu’il a codirigé avec Megan Bédard), parce que promouvoir ses propres livres, c’est à peine narcissique AF, right ?
Véronique Grenier suggère Soigner, aimer, de Ouanessa Younsi, parce qu’il faut réfléchir les troubles de santé mentale avec poésie.
Rébecca Déraspe suggère (elle aussi!!!!) Soigner, aimer, de Ouanessa Younsi, parce qu’on a collectivement cruellement besoin d’humanité, de bienveillance et d’empathie.
Alexandre Dostie suggère Macbeth, de William Shakespeare, traduit dans le vernaculaire québécois par Michel Garneau, parce que l’oralité queb a quelque chose de profondément poétique et tragique, pis que c’est bon de voir notre langue servir une œuvre épique!
Sophie Jeukens suggère Les falaises, de Virginie DeChamplain, un livre de fleuve et de voyage à lire le cul dans le sable.
Rosalie Roy-Boucher suggère La mort de Roi, de Gabrielle Lisa Collard, parce qu’elle aime la boucherie et espionner le monde.
Alexandre Castonguay, qui pousse le concept de livre québécois à son extrême, suggère Reine du réel. Lettre à Grisélidis Réal, de Nancy Huston.
Camille Paré-Poirier suggère Jardin radio, le premier roman de Charlotte Biron, dans lequel on plonge dans les confins de la convalescence de la narratrice, qui pose de brillantes et contemplatives questions sur la parole, et le vertige qui nous prend quand on la perd.
Marie-Claude Pouliot, employée de Ta Mère, suggère 752 lapins, un excellent album de François Blais avec des lapins et des princesses, ses choses préférées, illustré par Valérie Boivin.
Maxime Raymond, éditeur et co-propriétaire de Ta Mère, suggère Sombres bagarreurs, une bande dessinée de Al Gofa, parce qu’il aime la bataille.
Jean-Philippe Baril Guérard, auteur et scénariste de séries télé, suggère Fait par un autre, de Simon Roy, parce qu’il est un poisson qui serait le premier à se faire berner par un faussaire.
Mathieu Poulin, suggère La médiocratie, un essai d’Alain Deneault, parce qu’il aime ça avoir l’air du plus intelligent dans une liste de suggestions.
Baron Marc-André Lévesque suggère Football-Fantaisie, de Zviane, parce qu’il aime les langues inventées et le chaos parfois rigolo.
Olivier Morin vient de commencer Le cigare au bord des lèvres de Akim Gagnon et il a déjà ri à haute voix à plusieurs reprises.
Rachel Sansregret, co-propriétaire de Ta Mère, suggère Morel, de Maxime Raymond Bock, un roman courageux avec des phrases dignes et maîtrisées.
Sarah Berthiaume, suggère Un coin jeté dans l’Nord, d’Alexandre Castonguay et Nicolas Lauzon, une tragédie de région carnavalesque qui palpite comme un cœur d’orignal.
Frédérique Marseille, autrice à surveiller, suggère Quand je ne dis rien je pense encore, de Camille Readman Prud’homme, parce que c’est important d’aimer se taire et d’écouter ce qui ne fait pas grand bruit.
Ta Mère vous rappelle que tous les livres de notre catalogue sont québécois.